Photos : © 2014 Corentin Hignoul / © 2014 Marc Mongrain @lepetitrusse

Un modèle d'affaires novateur et disruptif pour Misteur Valaire Symphonique

En 2014, les 59 musiciens de l'Orchestre Métropolitain et leur chef Yannick Nézet-Séguin, accompagnés de 200 jeunes choristes de l'École Joseph-François-Perrault, interprétaient entre les murs de l'église St-Jean-Baptiste, à Montréal, 20 œuvres de Misteur Valaire, revues et corrigées par l'arrangeur Olivier Hébert.

Pour l'occasion, l'équipe d'ingénieurs de son de la Société Radio-Canada enregistrait le concert. Les bandes sonores ont ensuite été cédées à l'Orchestre Métropolitain, Yannick Nézet-Séguin et les Valaire. Ces derniers ont choisi d'en partager les droits et revenus avec tous les musiciens présents sur scène. Tous sont donc devenus collectivement coproducteurs de l'enregistrement sonore.

Un modèle de coproduction en réponse aux changements du numérique

Durant les 20 dernières années, nous avons pu assister à une chute vertigineuse des ventes de disques. Depuis, les nouveaux modèles de consommation de la musique, comme le téléchargement et le streaming, n'ont toujours pas réussi à combler ces pertes. Conséquemment, un projet d'album est difficilement rentable, particulièrement lorsqu'il s'agit d'enregistrer un orchestre symphonique. De plus, la réalité syndicale impose des tarifs minimums et des droits de suite chronophages à gérer, qui font rapidement grimper les dépenses et éloignent le moment de la rentabilité. Tout ce contexte représente évidemment un risque pour les producteurs.

Le numérique a causé bien des chamboulements depuis Napster : fragmentation de l'attention de l'auditoire, difficulté à monnayer les contenus dématérialisés, etc. On a constaté au fil du temps que les ententes collectives intervenant entre les producteurs, diffuseurs, artistes, artisans et techniciens n'étaient plus adaptées aux nouvelles réalités du numérique. Conséquemment, de moins en moins de producteurs ne souhaitent prendre le risque de produire des concepts à grands déploiements incluant un orchestre symphonique, tant dans le monde de l'enregistrement sonore que de la production télévisuelle.

À ce sujet, en avril 2012, un atelier aux Rencontres de l'industrie de l'ADISQ animé par Philippe Renaud regroupait des producteurs et diffuseurs qui soulignaient de manière unanime et éloquente l'impasse dans lequel notre milieu culturel se trouvait. Il fallait donc plus de flexibilité du côté des syndicats pour permettre des projets à plusieurs musiciens. C'est à ce moment là que Luc Fortin, président de la Guilde des Musiciens et Musiciennes du Québec (GMMQ), s'est invité au micro et a dit « si vous avez des projets innovants et que nos tarifs vous empêchent de les réaliser, venez nous voir; on est parlable... On peut toujours émettre des dérrogations, projet par projet, si ça fait du sens pour nos musiciens. »

Cette invitation du président de la GMMQ tombait à point, puisque l'Orchestre Métropolitain et les Valaire souhaitaient pouvoir enregistrer leur concert. À défaut pour les Valaire d’avoir les moyens de payer des cachets d’enregistrement et les droits des suites aux 66 musiciens présents lors de ce concert, l’idée leur est venue de désigner l’ensemble des musiciens coproducteurs et, ainsi, faire bénéficier à tous des profits, si jamais il y en a.

Cette proposition a été présentée aux musiciens de l'Orchestre Métropolitain qui ont vite fait preuve d'ouverture d'esprit et ont souhaité explorer ce modèle. C'est dans ce contexte extraordinaire, où tous les musiciens participent au profit, que la GMMQ a accepté de faciliter l'opération.

La structure complexe des droits derrière MV Symphonique

Pour l’occasion de ce concert enregistré, les 20 œuvres originales des Valaire ont été revisitées par l’arrangeur Olivier Hébert, en vue d’être interprétées par l’Orchestre Métropolitain, sous la direction de Yannick Nézet-Séguin. Chaque nouvelle version orchestrale des oeuvres comportent ainsi un nouveau partage de droits, élaboré à partir de la version originale. Voici un exemple avec la pièce « Brandon Marlow » qui comprend la présence du chœur de l’École Secondaire Joseph-François-Perrault, des musiciens de l’Orchestre Métropolitain et des membres des Valaire.

Droits d'auteurs

L’arrangeur et compositeur Olivier Hébert ayant fait un travail colossal pour adapter l’oeuvre originale en format symphonique, s’est mérité une part du droit d'auteur de sa version symphonique de l’oeuvre.

Droits voisins (interprétation)

Les droits voisins des interprètes ayant performé l'œuvre durant l'enregistrement sonore ont été divisés à parts égales entre tous ceux et celles qui étaient sur scène.

Enregistrement sonore

L'ensemble des musiciens présents sur scène ont été désignés, collectivement, tous coproducteurs de l'enregistrement sonore, à parts égales.

C'est aussi dans une optique de « donner au suivant » que le chœur des 200 jeunes a accepté d'obtenir un pourcentage symbolique destiné à la Fondation de l'École Joseph-François -Perrault. Ainsi, le travail des choristes en 2014 aura permis à de jeunes étudiants d'avoir accès à plus d'instruments de musique et de ressources.

Ainsi, qui dit nouveau modèle de coproduction pour les musiciens dit aussi complexité de la gestion des droits et des redevances qui en découle.

Sans processus de répartition automatisés, ceci peut aisément donner lieu à la genèse d’un cauchemar de gestion.

Smartsplit compte donc se fonder sur le projet inusité qu'est « Misteur Valaire Symphonique », afin de démontrer toute la puissance des contrats intelligents pour gérer de façon illimitée, des partages de revenus complexes, à très faible coût, sans erreur, ni retard et en toute transparence.

Gérer tout ça grâce à des contrats intelligents

À l'heure actuelle, lorsqu'une chanson génère des redevances d'écoute ou de téléchargements en ligne, l'argent est parfois envoyé en bout de piste à une seule entité administrative. Cette entité peut être un musicien ou le chanteur d'un groupe, comme il se peut que ça soit un label qui représente ce groupe. Tout cela nécessite beaucoup d'administration manuelle.

La bonne nouvelle c'est que la blockchain permet aujourd'hui de créer des contrats intelligents qui reçoivent et répartissent automatiquement les revenus.

C'est comme si on envoyait un virement bancaire à un chiffrier Excel qui exécuterait automatiquement - par magie - la comptabilité, le partage des revenus et le paiement des dûs de chacun.

Grâce aux technologies décentralisées comme la blockchain, il est possible de programmer un robot administratif du genre, qui reçoit les revenus et paye automatiquement les ayants droit, sans failles, ni retard, en toute transparence et pour l'éternité.

Voilà toute la force de la blockchain que Smartsplit compte mettre au profit des créateurs, dans le cadre de « Misteur Valaire Symphonique.»

Rendre une pièce musicale «découvrable»

De nos jours, lorsqu'on produit un album ou un single, on ne fait malheureusement plus de pochette. Cet objet physique lié au défunt disque compact n'est presque plus créé, ni produit, puisque les vitrines de streaming ne l'exigent tout simplement pas pour faire leur boulot.

Cependant, l'information que contenait jadis une pochette est encore et toujours fondamentale à la compréhension de notre culture : pour savoir qui a fait quoi sur une chanson; pour comprendre les courants musicaux et pour suivre les tendances artistiques et sociales.

Plus que tout, l'information descriptive que l'on retrouvait dans une pochette est nécessaire à la découvrabilité d'une chanson. Particulièrement dans un monde où on est inondé par des dizaines de millions de chansons.

Smartsplit permet aux artistes de créer l'équivalent d'une page Wikipedia par chanson, un espace dédié à la documentation de l'œuvre, de ses contributeurs et du contexte de production.

En documentant sa chanson avec Smartsplit, l'artiste lui crée non seulement un univers en ligne « sur » le Web, mais aussi « dans » le Web des données. C'est ainsi qu'une chanson devient totalement compréhensible pour les moteurs de recherche et l'intelligence artificielle.

Imaginer... si on pouvait créer une playlist sur Spotify ou Deezer, simplement en rassemblant toutes les chansons réalisées par Alex McMahon ou Philippe Brault ? Ou encore, créer - par magie - une playlist incluant toutes les chansons faites au Québec, à l'aide d'un clavier Mellotron ?

Voilà toute la puissance du Web sémantique que Smartsplit compte nourrir, à commencer par la documentation des œuvres de «  Misteur Valaire Symphonique ».


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